La lumière du jour avait baissé pendant que Yun finissait de prendre les dernières recommandations de monsieur Dago, qu'elle n'avait suivi qu'à moitié. A vrai dire, la fatigue la gagnait et son long voyage l'avait épuisé depuis ses îles natales d'Hokkaïdo et son errance dans la ville de Tokyo, avant de trouver de quoi se loger. Heureusement, de jeunes femmes étaient arrivées et l'intérêt que lui portait Dagosan était très vite tombé au profit des nouvelles venues. Mais Yun ne prit pas le temps de commenter ce comportement, trop contente de s'engager dans les escaliers de l'immeuble pour arriver à sa nouvelle petite chambre du dernier étage, où la dernière pensionnaire c'était défenestrée.
Notre petite Yun au visage tuméfié et bandé était entrée dans sa chambre. Un rectangle dans la longueur qui donnait sur de grandes fenêtres qui laissaient entrer la lumière dans toute la pièce et donnaient sur une magnifique vue en hauteur du quartier en contrebas. Directement sur sa gauche un placard encastré dans le mur avec des portes coulissantes, quelques cintres et une ou deux étagères. Sur son côté un lavabo que surplombait un miroir rond. Un futon se trouvait contre le mur dans le sens de la longueur de la pièce, collant l'angle de la petite armoire placée sous le lavabo. Enfin, au fond de la fenêtre, face à la bai vitrée que constituait les grandes fenêtres un petit bureau et une chaise terminaient le mobilier de cette unique pièce.
Elle referma la porte derrière elle. Rangea son unique sac de voyage dans le placard et décida de s'allonger sur le futon, trop fatiguée pour fait quoi que ce soit d'autre. Le petit matelas semblait fait de mousse et était parfumé d'une douce et tendre odeur de vanille laissée sans doute par l'ancienne locataire. Yun se laissa envahir par le doux parfum de la défunte pour ne pas avoir à penser toutes les responsabilités qu'elle avait fuies, l'association Aïnu de son père, la succession, la suite du travail de son père, de son œuvre... non, non, elle n'avait pas pu...
"Je ne suis pas prête père pardonne-moi... Pardonne-moi, je t'en prie."
Des larmes coulèrent sur son visage. Un être cher sur cette terre était de nouveau pleuré, dans les profondeurs d'un cœur voué à une immense tristesse qui ne disparaîtrait pas avec les temps, comme voulait se persuader l'humanité depuis la nuit des temps et la naissance de la Mort.
PS: Yun habite dans le même immeuble que Lliane et Gabrielle.